Au collège, les ULIS (Unités Localisées d’Inclusion Scolaire) ont toute leur place dans le système éducatif. Elles favorisent la scolarisation des élèves présentant des troubles ou des situations de handicap.
Julie Picavez est coordinatrice de la classe ULIS du collège André Malraux de Lambres-lez-Douai, l’une des 121 classes ULIS des collèges du Nord. Elle nous présente son métier qu’elle pratique avec passion.
Qu’est-ce qu’une ULIS ?
C’est une classe différente qui accueille des élèves aux profils variés, pouvant présenter des troubles des fonctions cognitives ou des troubles du spectre autistique et qui ont des difficultés d’adaptation sociale et de communication. Cela nécessite des aménagements et des adaptations pédagogiques. Au collège de Lambres-lez-Douai, nous accueillons 12 élèves de la 6ème à la 3ème.
Être enseignante en ULIS, ça se passe comment ?
Mon challenge c’est qu’à la fin de l’année un maximum d’élèves parviennent à rejoindre les classes classiques. Je suis garante d’un parcours scolaire adapté à tous. Mon objectif est de les emmener le plus loin possible, sans les mettre en souffrance. Ils doivent acquérir les mêmes compétences, même s’ils ne prendront pas la même direction. À nous, enseignants, de les aider à trouver leur propre chemin.
Quelle méthode appliquez-vous pour ces élèves différents ?
Je fonctionne beaucoup en pédagogie de projet car les projets créent un engagement émotionnel qui emmène les élèves, les motive. Sinon je les perds ! Ils se sentent tellement en situation d’échec que rentrer dans un projet leur permet de passer au-dessus de leurs freins. Du coup, on fait plein de sorties grâce au soutien financier du Programme Éducatif Départemental du Collégien (PEDC) : on va au cinéma, voir des spectacles, écouter des contes, on part en voyage et on monte des projets nature et biodiversité.
Les sorties extra-scolaires, ça représente quoi pour eux ?
Je dirai que c’est essentiel dans leurs apprentissages. En sortie, on devient un groupe de vie, on fait cohorte, on se fait confiance, et puis parfois, on inverse les rôles : quand ils me voient moi l’enseignante, chercher ma route et buter sur une carte en Angleterre, ça les amuse beaucoup.
Quel type d’enseignement dispensez-vous ?
Je leur donne un enseignement général qui va du français aux mathématiques mais je ne m’empêche pas de tester des matières artistiques ou visuelles. Au quotidien, je suis aidée par deux Aides de Vie Scolaire (AVS) qui ont un rôle d’accompagnement global des élèves. Les élèves décloisonnent dans les classes ordinaires : enseignement musical, arts plastiques, sciences de la vie et de la terre… On s’adapte à chacun, on fait du cas par cas.
Avez-vous mis en place des innovations pédagogiques ?
En fil rouge toute l’année, nous sommes les rédacteurs en chef d’un journal télévisé pour le collège, intitulé Free Cam. Nous valorisons ce journal dans le hall, cela donne une place à part à nos élèves. Les autres élèves les complimentent et apprécient leur travail. Et au niveau de la vie de la classe, nous sommes en train d’adopter un aménagement semi-flexible, constitué d’espaces traditionnels où les élèves sont assis en cours magistral et d’espaces plus libres où les élèves ont davantage d’autonomie pour s’épanouir, c’est un véritable état d’esprit.
Vos élèves semblent sereins, quel est votre secret ?
Gaspard, notre lapin ! Il est devenu indispensable à la vie de la classe. Il se promène entre les jambes, sur les cahiers et je n’hésite pas à le mettre dans les bras des enfants quand ils ont des angoisses. Au lieu de se balancer, ils vont caresser le lapin… Il est très utile en calinothérapie. Les enfants l’accueillent à la maison pendant les vacances. On le promène souvent dans l’enceinte du collège pour favoriser les échanges avec les autres élèves et mettre nos élèves ULIS en avant.