Sensibiliser les collégiens à l’Agriculture et l’Approvisionnement Local dans le Nord

Le Savoir Vert est un réseau de fermes pédagogiques situé dans les Hauts-de-France. Fort de ses 32 ans d’existence, il bénéficie de l’agrément de l’Éducation Nationale, gage de qualité et de reconnaissance.
Aujourd’hui, 56 fermes du Nord sont labellisées Savoir Vert, dont quatre agriculteurs du Nord qui ont accepté de participer à une interview collective.
Parmi eux, Sylvie FAIDHERBE-MARTINACHE, exploitante en polyculture et élevage laitier au « GAEC du Maraiscaux » à SOMAIN (59490) ; Marick et Damien BLAMPAIN, un couple d’agriculteurs basé à WATTIGNIES-LA-VICTOIRE (59680) au cœur du Parc Naturel Régional de l’Avesnois ; et enfin, Bertille DEFOORT, installée depuis janvier 2018 à CAESTRE (59190), où elle gère une exploitation de polyculture et poulets de chair.

Qu’est-ce qui vous a motivé à accueillir des classes de collégiens, et depuis combien de temps le faites-vous ?

Marick & Damien
: Nous accueillons des collégiens depuis 2018. Ce qui nous a motivés, c’est de pouvoir leur expliquer plus en profondeur notre production laitière afin de les sensibiliser au fait que sans production, il n’y a pas d’alimentation, et de les reconnecter au vivant. Si cela permet de faire naître des vocations, c’est formidable !

Bertille
: J’accueille des collégiens depuis 2 ans. Ce qui m’a motivée, c’est le partage des connaissances sur l’agriculture, la faire découvrir aux jeunes, et aussi valoriser le métier d’agriculteur.

Quels types d’activités pédagogiques proposez-vous aux élèves de collèges pour les sensibiliser à l’agriculture et au développement durable ?

Bertille
: Avec les collégiens, sur ma ferme, nous travaillons essentiellement le thème « du blé au pain ». Pour faire du pain, il faut de la farine, mais je les interroge : d’où vient la farine ? Qui produit le blé et comment ? Pourquoi le pain gonfle-t-il ? Chaque élève fabrique son pain, nous allons voir le blé au champ, nous observons l’épi de blé, nous comptons les grains de blé sur un épi, je leur montre les outils utilisés pour semer, récolter…

Sylvie
: Pour les 6èmes, plusieurs activités pédagogiques sont proposées et chaque professeur choisit ce qu’il souhaite voir chez nous. Sur l’élevage laitier, nous abordons l’alimentation, l’hygiène des aliments, le génotypage, la reproduction, la traçabilité (passeport du bovin, cahier sanitaire d’élevage, cahier d’épandage), la transformation, la filière Bleu Blanc Cœur, les filtres à roseaux. Nous proposons un atelier de fabrication de beurre et une dégustation de fromage frais. Concernant la culture du blé, j’explique le semis, les soins apportés, la récolte, la transformation, les OAD (Outils d’Aide à la Décision), le registre phytosanitaire et le cahier d’épandage. Nous proposons aussi un atelier « du blé à la crêpe ».

Sur le développement durable, nous visitons les champs et j’explique les différentes cultures de l’exploitation, le cahier d’épandage, les CIPAN (Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates), les haies, les bandes enherbées ou bandes tampons. J’aborde les exigences européennes, les règles de fonctionnement des usines qui imposent des dates de semis ou de récoltes. Nous discutons également du fait que nous ne décidons pas du prix de vente de nos productions, qui ne tient pas toujours compte du coût de production. En matière d’élevage, nous évoquons la traçabilité, l’âge du premier vêlage pour limiter l’empreinte carbone, la filière Bleu Blanc Cœur et les filtres à roseaux. Si le temps le permet, nous organisons des jeux pédagogiques sur les filières, la saisonnalité, et la biodiversité.

Marick et Damien : Nous proposons la visite de l’élevage laitier, nous expliquons la reproduction, de l’étape du veau à celle de la vache, et nous parlons de l’alimentation. Nous abordons également la gestion des effluents d’élevage, le tri des déchets agricoles, et le bocage avesnois. Les collégiens dégustent du lait et fabriquent du beurre et des yaourts !

Comment intégrez-vous les objectifs éducatifs des enseignants dans vos activités, notamment pour les classes de 6ème ?
Sylvie : Pour coller au plus près des objectifs éducatifs, il y a concertation avec les professeurs pour que les différentes explications et ateliers correspondent à ce qu’ils ont étudié, ou vont étudier, avec leurs élèves.

Quels retours avez-vous des enseignants et des élèves après leurs visites sur votre ferme ?

Bertille : Les enseignants et les élèves sont contents de venir à la ferme. Les élèves découvrent et apprennent de façon différente, immersive, et ils sont acteurs. Ils repartent fièrement avec leur pain. Les enseignants s’appuient ensuite sur la visite pour approfondir des notions en classe.

Sylvie : Les enseignants apprécient de pouvoir montrer du concret à leurs élèves, de les sortir de leur environnement habituel, et d’aborder sur le terrain des sujets comme la reproduction, la biodiversité, ou encore la transformation alimentaire.

Pouvez-vous nous raconter un exemple de méconnaissance sur l’agriculture auquel vous avez été confronté ?

Marick et Damien : Beaucoup d’élèves pensent que le lait chocolaté n’est pas du lait de vache mélangé avec du chocolat. Certains ne font pas la différence entre un mouton (blanc) et une vache charolaise (blanche). Et beaucoup ignorent qu’une vache doit avoir eu un veau pour produire du lait.

Quelle évolution percevez-vous dans la compréhension des élèves concernant l’agriculture locale et ses enjeux après leurs visites ?

Bertille : Après la visite, les collégiens ont une meilleure compréhension de la provenance des aliments et un plus grand respect pour le travail agricole.

Sylvie : Lorsque la classe quitte la ferme, je me dis que si chaque élève a compris qu’en agriculture, nous travaillons dans le respect de nombreuses règles pour fournir une alimentation de qualité, alors mon message est passé. Quand un élève me dit : « Je ne savais pas que vous aviez autant de règles à respecter », c’est une réussite !

Comment expliquez-vous l’importance de l’approvisionnement local aux élèves de 6ème lors des visites pédagogiques ?

Marick et Damien : Nous expliquons les enjeux environnementaux et économiques. En réduisant les distances d’expédition, ils contribuent à diminuer la consommation d’énergie et les émissions de carbone.

Sylvie : L’approvisionnement local réduit l’impact carbone (moins de transport) et garantit l’origine des produits consommés.

Selon vous, quel est le rôle du Savoir Vert dans l’éducation des jeunes générations ?

Sylvie : Le Savoir Vert joue un rôle essentiel en déconstruisant les idées reçues et les clichés, tout en expliquant notre métier avec passion.

Marick et Damien : Le lien avec la nature est crucial. Le contact avec la nature développe chez les élèves un autre rapport au monde, à la consommation et à l’environnement. Sur nos fermes, nous renforçons la sensibilisation des élèves aux questions liées à la biodiversité et aux écosystèmes.

Le Savoir Vert, en partenariat avec le Département du Nord, propose deux programmes de visite : « 6ème » et « approvisionnement local ».

Nous vous invitons à consulter
La brochure des fermes Savoir Vert du Nord qui peuvent accueillir votre classe en visite

Pour en savoir plus sur www.savoirvert.fr .

Articles recommandés