Rencontre avec Nicolas Grevet qui nous explique en cette rentrée, comment les collèges et les collégiens agissent pour le développement durable.
À l’heure de la rentrée et des élections des éco-délégués au sein des collèges, Nicolas Grevet, expert sur les questions de développement durable au sein de l’Académie de Lille, répond à nos questions.
Quel est le rôle des collèges dans la transition écologique ?
Ce sont les élèves qui vivront la transition écologique et les changements du 21ème siècle. Seront-ils observateurs, acteurs ? Pour agir, il faut comprendre le sens des actions. C’est tout l’enjeu de l’éducation au développement durable. Cela prend du temps et cela s’appuie sur l’ensemble du parcours scolaire de l’élève. Le collège est donc une période clé pour développer cette éducation.
Comment sensibiliser les collégiens au développement durable ?
La question de la sensibilisation est fondamentale : sensibiliser aux enjeux, aux possibilités d’actions, à la complexité des choix… La sensibilisation que je qualifierais plutôt d’éducation au développement durable s’inscrit dans le long terme. Aider les jeunes à lire leur environnement, à le comprendre est un premier axe de sensibilisation. Les mobiliser autour de projets concrets en est un deuxième, pour les faire passer du rôle d’observateur au rôle d’acteur. Parfois, nous savons ce que nous pouvons faire et pourtant rien ne se passe. Faire une action, dans le cadre d’une journée, au sein d’un collectif peut agir comme un déclencheur. Il est important d’apporter une démarche positive et constructive, de ne pas tomber dans l’écueil d’une sensibilisation tellement anxiogène qu’elle inhibe toute possibilité de réflexion.
Quelles sont les impulsions données par le Ministère ?
Il s’agit d’une priorité forte. Un travail de concertation a été mené sur l’année 2018-2019, qui a mobilisé les différents membres de la communauté éducative. Cela s’est traduit par la circulaire “Pour une généralisation de l’éducation au développement durable”. Celle-ci réaffirme et conforte la place de l’Ecole au cœur de la transition écologique. Les dispositifs tels que les éco-délégués, la labellisation E3D (Établissements en Démarche globale de Développement Durable) sont systématisés… À l’échelle de l’Académie, nous avons accompagné les premiers pas des éco-délégués. Dans les 283 collèges que compte le département du Nord, cela représente plusieurs milliers d’éco-délégués. Cela concrétise une démarche déjà engagée : celle de mettre le jeune citoyen au cœur de la réflexion. L’élève lit son environnement, le comprend et s’y engage.
Que pensez-vous de l’implication du Département du Nord ?
Le Département intervient à différents niveaux : sur les bâtis, sur les budgets de fonctionnement, sur les projets… Il s’agit donc d’un acteur clé. Par exemple, il soutient et finance le Projet CUBE.S (challenge Climat, Usages, Bâtiments Enseignement Scolaire). Un challenge pour les élèves qui analysent les usages et proposent des actions pour limiter les consommations énergétiques de leur collège (automatiser la fermeture des lumières, être vigilant à l’ouverture et la fermeture des fenêtres…). Il a aussi largement contribué au recyclage d’équipements numériques pour limiter les déchets des établissements. Le développement durable, ce n’est pas que dans l’établissement, c’est aussi à l’extérieur. Le Département propose ainsi un programme intitulé “Offrons la nature aux collégiens”. Ce programme s’appuie sur des sites remarquables gérés par le Département. Pendant le confinement, il a également mis en place des “drive des producteurs” dans l’enceinte des collèges pour offrir des solutions de consommation de proximité aux habitants. Le Département se saisit donc de la thématique selon des modalités variées, nombreuses.
Comment aller tous plus loin, encore ?
Nous pouvons beaucoup encore… Beaucoup d’établissements se sont engagés cette année. Il faut maintenant s’inscrire dans la durée et travailler en profondeur pour atteindre les objectifs de l’Éducation au Développement Durable. Un dispositif piloté par le ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports et le ministère de la transition écologique me semble particulièrement prometteur : il s’agit des aires éducatives. Dans ce projet, les élèves gèrent de manière participative un petit territoire marin ou terrestre. Ils sont amenés à rencontrer les collectivités, à faire des propositions préalablement travaillées en conseil. Un réel exercice de leur citoyenneté !